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Body Time

"... Body Time, inspirée par le roman Body Art de l'américain Don DeLillo, ne déroge pas à la veine dans laquelle le chorégraphe se taille un style : celui du "thriller psy" tissé dans la camisole de la vie ordinaire. Entre le toast beurré et le jus d'orange, l'escalier qui grimpe à la chambre ou celui qui descend à la cave, tout peut arriver lorsqu'on copine avec des rigolos comme Alfred Hitchcock ou David Lynch... Sans comparer avec l'œuvre de Don DeLillo, dont il capte avec justesse l'ébranlement du personnage central, Body Time, rend palpable ce théâtre mental des cauchemars qui prennent d'assaut le cerveau et en boursouflent les monstres jusqu'à la folie. L'espace perd de ses contours et s'immobilise dans une nature morte, le temps se suspend au creux du cerveau égaré de la femme.
Dans ce flou perturbant, où la normalité se défile en douce, la prestation détonante de Sandrine Maisonneuve, dont c'est la première collaboration avec Toméo Vergès, coupe le souffle. Encadrée par Toméo Vergès et Alvaro Morell partenaires d'exception, elle tient ferme cette partition complexe, rude, sans garde-fou autre que sa foi dans le spectacle de Toméo Vergès. Elle a raison."

Rosita Boisseau, Le Monde, 25 avril 2006

 

"Pour Body Time, Toméo Vergès a trouvé une interprète hors pair. Sandrine Maisonneuve incarne la douleur du manque, du corps qui ne trouve plus à s'assouvir, de la frustration avec une force étonnante...
Présente et absente à la fois, d'une tonicité musculaire phénoménale et la gestuelle hagarde à force de volonté - paradoxe étonnant que seule la danse peut incarner - elle poursuit des actions de tous les jours en dégageant la sensation qu'il s'agit d'une cérémonie à laquelle son existence entière se rattache. De la table du petit déjeuner, où elle écoute en boucle un enregistrement du quotidien matrimonial, à la construction spasmodique d'une surface de carreaux blancs - on peut évoquer la pratique plastique de Jean-Pierre Reynaud qui couvre de faïence l'espace pour évoquer le lieu zéro - la femme engage son corps comme on le donne dans l'amour, mais il n'y a plus personne pour recevoir ce don...
Cette thématique du manque, du désir et de la crispation du corps dans l'inassouvissement, rejoint une préoccupation importante dans l'œuvre du chorégraphe. C'était déjà le sens d'Asphyxie (1998), alors un duo, évoquant la solitude et la frustration sexuelle de l'écrivain. Il fallait deux hommes, dans Body Time une femme suffit pour une pièce d'une force rare. "

Philippe Verrièle, www.webthea.com, le 24 mai 2006

 

"Comment le chorégraphe Toméo Vergès allait-il réussir à transposer sur scène l'univers visuel, l'écriture sauvagement sophistiquée de l'écrivain américain Don DeLillo ? La question, brûlante, a une réponse impeccable. Body Time (..) a la férocité d'un lent uppercut. L'artiste d'origine espagnole extrait un jus puissant et troublant de la situation proposée par Don DeLillo. Rendre perceptible le vertige mental d'une femme qui vient de perdre son mari et risque de basculer dans la folie n'est pas une mince affaire. Toméo Vergès y réussit."

Rosita Boisseau, Telerama sortir, 19 avril 2006

 

"... Sur l'immense plateau du grand théâtre, une femme, sombre, anguleuse, tente de vivre après la mort de son mari. Elle sombre dans le désespoir, la folie destructrice où l'entraîne le refus absolu de cette disparition brutale. Sandrine Maisonneuve réalise là un véritable exploit : sa danse est douloureuse, révoltée, animale..."

M.S. Le Journal de Saône et Loire, 11 février 2006

 

"Entre danse, théâtre et travail de plasticien, Toméo Vergès livre avec Body Time un bel objet scénique. Un rêve troublant dans lequel il faut accepter d'entrer tout éveillé... La danse de la femme est distorsion, contorsion, rage, répétition, marche. La danse de l'homme est légèreté. La lenteur les réunit le temps d'un très beau duo... Body Time crée un espace où les images viennent de l'obscure... Les scènes se succèdent sans logique apparente, ou plutôt avec une autre logique, mystérieuse, qui pourrait être celle d'un rêve.
Toméo Vergès aime définir son travail en le plaçant entre théâtre et danse. Ce créateur pourrait aussi évoquer une démarche de plasticien. Les effets de lumière, vidéo et sonore qu'il utilise de manière très affirmée et élaborée contribuent à donner à son œuvre une beauté mouvante mais aussi plastique"
 

Muriel Mingau, Le Populaire du Centre, 22 janvier 2006

 

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