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Chair de Poule

Des Carmen qui défient la loi
L'héroïne de Bizet, haute en couleurs dans la chorégraphie de Mats Ek ou Tomeu Vergès, casse l'imagerie et l'argumentation traditionnelles.
La Carmen de Tomeu Vergès, un concentré de délicatesse.

" ...Les personnages de Tomeu Vergès sont aussi hauts en couleur, même s'ils n'adoptent pas la même panoplie. Deux couples s'affolent dans un espace qui intègre ses coulisses. Fracturé en saynètes, brisé en images kaléidoscopiques, le spectacle renvoie autant à Buster Keaton qu'au cabaret satirique de Karl Valentin ou à Pina Bausch. Mais la griffe est celle d'un chorégraphe catalan - aujourd'hui installé en France - que l'on découvre. Tomeu Vergès, après avoir été interprète chez Maguy Marin, Régine Chopinot, François Verret, signe depuis peu des chorégraphies et c'est la première fois qu'il écrit - avec la collaboration artistique de Françoise Coupat - pour quatre danseurs. Et l'on reconnaît déjà un style, dans son habileté à faire des tours de passe-passe, dans son souci du détail et dans la forme narrative qui ne craint pas le fragment pour contrecarrer toute velléité figurative. Le quadrille où le matador serait le boucher se déplace avec célérité. A peine installés dans une situation, les danseurs-acteurs forment d'autres tableaux, drôles parfois et toujours grinçants. Dans leur course échevelée à l'amour, les couples se désintègrent, explosent en atomes agités. Dans cette farce stylisée qui pourrait tourner au tragique, le duo homme-femme devient une sorte d'aberration. Et le danse se retrouve propulsée dans un superbe solo interprété avec une délicatesse concentrée par Roser Montllo. Chair de poule frisson sensuel. "

M.C. Vernay, Q.T. Tran Diep, Libération 28 sept. 1992

Les Gallinacés de Tomeu Verges
" ...Dans Chair de poule pièce très théâtrale créée à la Biennale de Lyon, il manie l'humour, la dérision, l'absurde...et les castagnettes en prime. Mettant en scène deux couples - un magicien et un boucher avec leurs femmes - le chorégraphe catalan Tomeu Verges a créé un univers très particulier, très personnel, émaillé de petites histoires loufoques. Avec des tics nerveux qui se transforment en comportement de gallinacés ou des changements de partenaires à un rythme de plus en plus effréné, il sait créer des images insolites, aidé de danseurs virtuoses. A suivre. "

J. Pailley, Danser, Novembre 1992

"...Chair de Poule", œuvre vigoureuse, minutieusement charpentée où tous les éléments se croisent et s'entrecroisent dans se heurter, sans se cumuler, sans être superflus, est flanquée avec force au regard du spectateur. Les quatre danseurs sont admirables par leur maîtrise et leur virtuosité. Certaines images magnifiques resteront gravées dans nos mémoires".

J. Moriaud, L'Echo du Centre, 25 janvier 1994

 

Chair de poule : beau frisson
...très belle pièce chorégraphique signée Toméu Vergès. A voir.
".... Ce titre convient parfaitement à cette merveilleuse chorégraphie signée Toméu Vergès, où il est question de sensualité à fleur de peau mais aussi d'un étrange restaurant. Elle met en scène deux couples qui se rencontrent, se cherchent, s'affrontent : le magicien et sa dame, le boucher et son épouse. Des liens se tissent entre eux, des échangent s'opèrent. Symboliquement, ils sont la chair et l'esprit, l'apparence et le réel, le raffinement, voir la distance, et l'animalité. Le chorégraphe espagnol a créé une œuvre riche qui tient du théâtre, de la danse et du mime et se situe dans la lignée du surréalisme cher à l'Espagne. L'amour et la mort mènent le bal, la tragédie côtoie le burlesque. On rit, on frémit, l'émotion est toujours présente. Toméu Vergès a l'art d'alterner les séquences où le rythme s'accélère jusqu'au délire, à la souffrance et celles où les tensions se relâchent, tandis que retombe la tempête. Ce qui exige bien sûr des danseurs concentration et virtuosité. Il faut qu'ils aient la capacité de passer du jaillissement quasi volcanique à l'apaisement. Roser Montllo, Alvaro Morell, Anna Rodriguez et T.Vergès la possèdent manifestement. Ils ont séduit par leur énergie, leur allant, leur cohésion. Pas évident de conjuguer fluidité et force. Les quatre danseurs y arrivent parfaitement, frénétiques s'il le faut, présents physiquement, mais aussi parfois comme en état d'abandon. Cette " Chair de poule " qui donne le frisson est une totale réussite. Il est bon de la ressentir, corps et âme. "

Thierry Guerin, La République du Centre, 23 avril 1999

 

Devine qui vient dîner ?
" ...A mi-chemin entre la danse et le théâtre, Chair de poule nous livre un portrait décapant et surréaliste de deux couples (un boucher, un illusionniste et leur femme) dans une atmosphère très "Charme discret de la Bourgeoisie" (Buñuel) revu et corrigé. La sobriété du décor - vieux accessoires des années 60 - et la musique très originale de Guedalia Tazartes ajoutent à cette " réception " mondaine les images d'un univers glauque où chaque personnage joue un rôle décalé. Très inventive, sa " mise en scène " baigne dans un humour à froid et une sensation de malaise suscitée par le choc des sensations, violentes parfois, qu'il maîtrise à la perfection avec ses trois danseurs. Décortiquant chaque étape de cette rencontre percutante, avec les hésitations mécaniques des invités sur leurs chaises, le rituel du service, les désirs qui brouillent les conventions, Vergès accumule les instantanées d'une soirée qui se termine dans une mort dérisoire. Pourquoi " Chair de poule " ? Peut-être à cause de ce cadavre de poulet déplumé qu'un danseur traîne sur le sol après une veillée funèbre aux castagnettes. Mais cela a-t-il une importance ? Seul compte les émotions vives, parfois agacées par la facilité des répétitions d'effets, suscitées pendant cette petite heure de spectacle où Vergès l'illusionniste nous conduit dans un univers fascinant et désopilant à la fois. "

A. Mafra, Lyon Matin, 28 septembre 1992

 

 

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